Le Choix Goncourt du Vietnam 2024 – 2è édition : un week-end littéraire sous le soleil de Da Nang
Un air d’excitation et de concentration règne dans la salle de conférence du Golden Lotus Hotel. Les étudiants, venus des quatre coins du Vietnam, échangent leurs dernières impressions sur les œuvres en lice. Depuis vendredi, ils sont plongés dans l’univers littéraire des finalistes du Prix Goncourt, un voyage intense rythmé par les débats, les lectures et les découvertes culturelles.
Ce séminaire, initié par l’Académie Goncourt et relayé par l’Ambassade de France au Vietnam, est bien plus qu’un simple vote. C’est une véritable immersion dans la littérature française contemporaine, une occasion unique pour ces jeunes passionnés de partager leur amour des mots et d’affûter leur esprit critique.
Il faut dire que le travail préparatoire a été intense. En amont du séminaire, chez nous, au Départment de français – ULEI – Université Nationale du Vietnam à Hanoi, les étudiants (3 étudiants en 3è année et une autre en 2e année qui a reçu l’aide précieuse de Mai lors de sa lecture de “Humus”) ont été répartis en quatre groupes,chacun chargé d’étudier en profondeur l’un des quatre romans en lice : “Veiller sur elle” (Prix Goncourt français 2024),”Humus”, “Triste Tigre” et “Sarah, Suzanne et l’écrivain” selon la fiche de lecture que j’avais rédigée. La mise en commun a été effectuée à maintes reprises pour que tous les quatres membres saisissent le contenu principal de quatre oeuvres.
Dès vendredi soir, l’ambiance était à la fois studieuse et conviviale. Après le dîner, un “brise-glace” original a permis aux participants de mieux se connaître et d’établir collectivement les critères d’évaluation qui guideraient leurs débats.
Le lendemain matin, les discussions étaient animées et vivantes entre “Veiller sur elle” et “Humus”, “Sarah, Suzanne et l’écrivain” et “Triste Tigre”. Les étudiants ont défendu avec passion leurs ouvrages de prédilection,
décortiquant le style, les personnages, les thèmes et l’impact émotionnel de chaque livre. À l’issue du premier tour de vote, samedi matin, deux romans se détachaient nettement : “Humus” et “Triste Tigre”. Le suspense était à son comble, aucun professeur n’intervenant pour influencer le choix final.
L’après-midi, entre les séances de réflexion, ils ont eu le privilège de remonter le temps en visitant Hoi An, l’ancienne Faifo. Guidés par un expert passionné, ils ont arpenté les ruelles de cette cité portuaire classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Le guide leur a conté l’histoire fascinante de ce carrefour commercial florissant entre le 15ème et le 19ème siècle, où se mêlaient les influences vietnamiennes, chinoises, japonaises et européennes.
Ils ont admiré les maisons de marchands aux façades colorées, les temples et les pagodes témoignant de la diversité religieuse, et le célèbre pont couvert japonais, symbole de la ville malheureusement restauré à neuf.
Mais ce qui a particulièrement marqué les esprits, ce sont ces maisons basses typiques de Hoi An, avec leurs toits de tuiles en terre cuite incurvés, leurs murs patinés par le temps et leurs cours intérieures ombragées. Ces demeures ancestrales dégagent une atmosphère paisible et intemporelle, invitant à la contemplation et à l’évasion.
Les étudiants ont été captivés par les récits sur la vie quotidienne à l’époque de Faifo, les traditions ancestrales encore préservées, et les défis auxquels la ville est confrontée aujourd’hui pour concilier développement et préservation de son patrimoine.
La visite s’est poursuivie par une promenade enchanteresse dans la forêt des palmiers Nipa. Le panier glissait silencieusement entre ces palmiers. Les deux passagers dans chaque panier étaient émerveillés par la beauté naturelle paisible. Ensuite, on est arrivés à une performance hors du commin: Le conducteur, un véritable artiste, a fait tournoyer son panier avec une agilité surprenante, provoquant des rires et des applaudissements. Cette balade insolite, au cœur d’une forêt sous-marine enchantée, restera gravée dans leur mémoire comme un moment de pure magie.
Le soir, un dîner convivial dans un restaurant de la ville a permis de prolonger les échanges dans une ambiance plus décontractée.
Dimanche matin, les discussions littéraires ont repris de plus belle. Les étudiants ont encore défendu leurs ouvrages favoris. À l’issue de cette ultime séance de débat, le verdict est tombé : “Humus” a remporté la victoire avec un score serré de 10 voix contre 9 pour “Triste Tigre”. L’émotion était palpable, les applaudissements nourris saluant cette victoire méritée. Une nouvelle d’autant plus réjouissante que l’auteur de “Humus” effectuera prochainement une tournée au Vietnam pour recevoir ce prestigieux prix et son roman sera traduit en vietnamien.
Après 2 journées de travail intense, les étudiants reconnaissent avec joie que ce séminaire ne se résume pas aux seules joutes littéraires. Les soirées ont été l’occasion de belles balades sur la plage, de massages relaxants et de moments de partage inoubliables.
Depuis 2023, le Prix Goncourt s’est délocalisé dans plusieurs pays du monde, permettant à de jeunes lecteurs de différents horizons de participer à cette grande aventure littéraire. Le Choix Goncourt Vietnam est une belle illustration de cette ouverture, témoignant de la vitalité des échanges culturels entre la France et le Vietnam, et de l’importance de la littérature comme pont entre les peuples.
Je remercie vivement l’Ambassade de France au Vietnam d’avoir concrétisé cette très belle initiative.
Je remercie infiment mon Département de français de m’avoir confié cette chance d’accompagner les étudiants dans leur lecture de 4 oeuvres littéraires contemporaines.
Je remercie Préfasse de nous avoir relayés dans le déchiffrement des oeuvres.
Je remercie mes étudiants français dans le cadre du programme d’échange ULIS – Montpellier III d’avoir lu, dans la joie et parfois dans la peur, avec leurs homologues vietnamiens.
Images et texte: Mme. TRAN Hoai Anh, enseignante de Littérature du Département
Résumé de Humus:
Le roman “Humus” de Gaspard Kœnig, publié en 2021, est une œuvre de fiction
philosophique qui explore des thèmes tels que la liberté, la nature, et la recherche de
soi à travers un voyage initiatique. L’histoire suit le parcours d’un homme qui, après
avoir vécu une existence urbaine saturée de technologie et d’aliénation, décide de se
retirer dans une forêt pour vivre en ermite. Là, loin des distractions et des contraintes
de la société moderne, il cherche à renouer avec les éléments fondamentaux de
l’existence humaine et à redéfinir ses valeurs et sa vision du monde.
Au cœur de la forêt, le personnage principal expérimente une vie au contact direct
de la nature, apprenant à survivre grâce aux ressources qu’elle offre, tout en menant
une réflexion profonde sur la condition humaine, la liberté individuelle et la manière
dont les sociétés contemporaines façonnent nos vies. Le récit est ponctué de
références philosophiques, notamment aux œuvres de Henry David Thoreau, Jean-
Jacques Rousseau, et d’autres penseurs qui ont exploré la relation entre l’homme et
la nature, ainsi que les idées de solitude volontaire et d’autosuffisance.
L’humus, qui donne son titre au roman, symbolise la transformation et le cycle de la
vie, rappelant que tout retourne à la terre et que l’humanité fait partie intégrante de
l’écosystème terrestre. Ce thème est développé à travers les expériences du
protagoniste qui, au fil de son isolement, comprend que l’humilité, le respect de
l’environnement et une existence plus simple sont essentiels à un épanouissement
authentique.
Le roman de Kœnig se distingue par sa capacité à entrelacer réflexions
philosophiques et narration captivante, incitant le lecteur à questionner ses propres
choix de vie, son rapport à la nature et sa quête de sens. “Humus” est une invitation
à contempler notre place dans le monde, à réévaluer notre dépendance à la
technologie et à redécouvrir les joies fondamentales de l’existence.
philosophique qui explore des thèmes tels que la liberté, la nature, et la recherche de
soi à travers un voyage initiatique. L’histoire suit le parcours d’un homme qui, après
avoir vécu une existence urbaine saturée de technologie et d’aliénation, décide de se
retirer dans une forêt pour vivre en ermite. Là, loin des distractions et des contraintes
de la société moderne, il cherche à renouer avec les éléments fondamentaux de
l’existence humaine et à redéfinir ses valeurs et sa vision du monde.
Au cœur de la forêt, le personnage principal expérimente une vie au contact direct
de la nature, apprenant à survivre grâce aux ressources qu’elle offre, tout en menant
une réflexion profonde sur la condition humaine, la liberté individuelle et la manière
dont les sociétés contemporaines façonnent nos vies. Le récit est ponctué de
références philosophiques, notamment aux œuvres de Henry David Thoreau, Jean-
Jacques Rousseau, et d’autres penseurs qui ont exploré la relation entre l’homme et
la nature, ainsi que les idées de solitude volontaire et d’autosuffisance.
L’humus, qui donne son titre au roman, symbolise la transformation et le cycle de la
vie, rappelant que tout retourne à la terre et que l’humanité fait partie intégrante de
l’écosystème terrestre. Ce thème est développé à travers les expériences du
protagoniste qui, au fil de son isolement, comprend que l’humilité, le respect de
l’environnement et une existence plus simple sont essentiels à un épanouissement
authentique.
Le roman de Kœnig se distingue par sa capacité à entrelacer réflexions
philosophiques et narration captivante, incitant le lecteur à questionner ses propres
choix de vie, son rapport à la nature et sa quête de sens. “Humus” est une invitation
à contempler notre place dans le monde, à réévaluer notre dépendance à la
technologie et à redécouvrir les joies fondamentales de l’existence.